Depuis décembre dernier, avec l’aide de leurs professeures de français, d’histoire-géographie et d’allemand ainsi que de la documentaliste du collège, les élèves ont imaginé des correspondances entre Jacques, soldat français envoyé au front, et plusieurs de ses proches. Sa femme, Marie, sa sœur, Victorine, se parents, un de ses amis exempté de champ de bataille pour cause de problèmes cardiaques, son ami Günter, ancien ami berlinois et Frida, la veuve de Günter.
Les élèves ont décrit à travers ces lettres les différentes étapes de la guerre, de décembre 1914 à juillet 1918, de l’optimisme des débuts au retour à la vie civile en passant par les doutes, les peurs, les atrocités du front, l’amitié entre un français et un allemand, le travail des femmes, les naissances les conditions de vie en temps de guerre, et les liens qui peuvent exister en temps de guerre.
Quand on a commencé ce projet, on ne s’attendait évidemment pas à vivre un confinement, qui a modifié sa réalisation en profondeur.
Ainsi certaines élèves ont eu la chance d’enregistrer en studio leurs lettres. Et puis les collèges ont fermé. Les studios de jet aussi. Alors on a continué tant bien que mal à échanger. Les élèves germanistes ont enregistré leurs lettres en français et en allemand, et ont choisi avec soin des fonds musicaux sur lesquels les lire.
Mais les grands évènements bouleversent nos vies et nos communications. La guerre, comme le confinement ont fait disparaître certaines lettres, pour la guerre parce qu’elles se perdent, parce qu’elles ne passent pas la censure, pour le confinement parce qu’il nous a été impossible de les enregistrer. Disparus aussi les bruitages auxquels les élèves avaient pensés, puisque nous n’avons pas eu la possibilité de les réaliser ensemble, comme on l’avait initialement prévu.
C’est donc un projet avec des sauts temporels que nous vous proposons aujourd’hui d’écouter.
Il nous manque les premiers échanges entre Jacques et Marie, ceux de 1914 et de 1915, de l’optimisme et de la croyance dans une guerre courte. Il nous manque également les lettres de la bataille de Verdun de l’année 1916, l’enlisement et les fraternisations.
Restent alors pour nous les lettres entre Jacques et Victorine, sa sœur, qu’il s’écrivent en 1915, au début de ce que les historiennes appelle la guerre de position. Ces lettres sont enregistrées sur une gnossienne et une gymnopédie d’Erik Satie, compositeur français engagé au côté de Jaurès, militant de la SFIO puis du parti communiste. Compagnon de Picasso, Cocteau et Apollinaire, Erik Satie participe à la création du ballet Parade dont il est le compositeur, ballet organisé en 1917 au bénéfice des mutilés de guerre de la région des Ardennes. Le spectacle est accusé d’anti patriotisme suite à l’échec de l’offensive du Chemin des Dames et Satie est condamné à huit jours de cachot et mille cent francs d’amende.
Restent également les lettres entre Jacques et ses parents, qui vivent à Paris. Ces lettres sont lues sur des musiques choisies par les élèves, une comptine de Yann Tiersen, extrait de la bande originale du film Amélie Poulain, et sur le quatrième prélude de l’opus 28 de Chopin, morceau en mi mineur dont s’inspirera largement Claude Debussy, également proche de la bande de Satie, Ravel et d’autres compositeurs qui ont largement marqué la première guerre mondiale.
Restent également les lettres entre Jacques et sa femme Marie, au début de l’année 1917, qui nous racontent les horreurs de la guerre et les difficultés de celles et ceux qui ne sont pas au front et qui pourtant travaillent et sont touchées de plein fouet par les conséquences de la guerre. Ces lettres sont enregistrées sur une berceuse extrait des cinq aquarelles de Lucien Durosoir et d’une petite pièce d’André Caplet. Durosoir, violoniste et compositeur français, a lui-même produit une importante correspondance de guerre : il raconte à sa mère au jour le jour sa vie au front. Il rencontre dans la cinquième division André Caplet, pianiste ainsi que Maurice Maréchal, également violoniste.
Enfin, le groupe des élèves germanistes a rédigé et enregistré en français et en allemand, une lettre écrite par Jaques à son ami berlinois Günter en janvier 1918, puis la réponse qu’en fait Frida, la veuve de Günter, en juillet 1918. Les élèves ont choisi pour ces lettres The Cold Song, air d’opéra repris par le chanteur allemand Klaus Nomi en 1981, ainsi que l‘Andante con moto du Trio de l’opus 100 de Schubert compositeur autrichien emblématique de la musique romantique allemande du début du 19 ème siècle.
Un grand bravo aux élèves de la classe de 304 du collège Ernest Renan
pour leur travail sur les correspondances.
Bravo à Hamza, Lila, Aghelan, Maeva et Julie,
Bravo à Felix, Mina, Remi et Havin,
Bravo à Younès, Gabrielle, Noalne, Yeliz et Helena,
Bravo à Amina, Riyana, Nino, Johanis et Timothée
Bravo à Nesrine, Melinda, Sacha, et Tommy
Bravo à Maëwenn, Tommy, et Salomé.
Un grand merci à Julie Delaigue, professeure documentaliste, pour la coordination et l’investissement dans le projet,
Merci à Emmanuelle Balère, professeure d’allemand, à Nadia Bencheik, professeure d’histoire-géographie et à Kennokka Robic, professeure de français pour avoir accompagné les élèves dans ce projet,
Merci à Rémi, en service civique à jet fm, pour les montages qu’il a réalisés,
Et puis bravo à Laure Rodier et Gary Salin pour avoir mené ce projet jusqu’au bout !